"L'homme-joie"

"... je n'oublie pas ce que m'ont dit les fleurs en ton absence. Car j'ai fini par les entendre... Je vois la vigne vierge à la fenêtre... j'avale les féeries de l'air. Et j'écris. C'est ma réponse au sans réponse, mon contrechant, un bruit d'ailes dans le feuillage du temps. Je ne peux pas te parler du mimosa puisque tu n'es plus là. Mais le mimosa, lui, me parle très bien de toi : tout ce qui est délicat a traversé le pays des morts avant de nous atteindre."

Certains livres sont plus que des livres. La preuve : on ne peut lire deux lignes, deux pages, sans lever les yeux en soi. Et ça vous glisse dans les plus infimes parties du corps, de partout. Bobin m'a toujours fait cet effet, depuis "La plus-que-vive". Alors "L'homme-joie" vient à point relier et se greffer à "Que ma joie demeure", de Giono, un autre de mes livres fondateurs, sauf que là, ce n'est plus un souhait tragique, parce qu'échouant au final. Bobi, chez Giono, meurt et se fond dans la terre ; Bobin nous offre du bleu comme une fleur, et ce
don nous transcendante. Je marcherai plus léger aujourd'hui, même allongé, même à quatre pattes, et même sous la terre.

Un don, une ode à la Joie.